Il y a quelques mois, en pleine formation, un manager m’interpelle : « Et vous, vous n’avez jamais douté en dirigeant une équipe ? » Sa question, posée devant tout le groupe, m’a pris de court. Ma première impulsion a été de répondre par une posture d’expert. Mais j’ai choisi une autre voie : j’ai parlé d’un moment de doute profond que j’avais traversé. Le silence qui a suivi en disait long. On venait de toucher à l’essentiel : la vulnérabilité comme levier de leadership.
Le monde professionnel valorise la maîtrise, la performance, la capacité à décider vite. Dans ce cadre, montrer ses fragilités semble risqué. Pourtant, nier sa vulnérabilité revient à nier une part de notre humanité. Et ce déni finit souvent par saper la confiance, l’engagement ou la créativité des équipes.
Dans mes interventions chez ACANT, je rencontre de plus en plus de responsables RH en quête de modèles de leadership plus authentiques. Beaucoup me disent : « J’ai besoin de montrer que je ne sais pas tout, mais j’ai peur que cela me décrédibilise. » C’est précisément là qu’un changement de regard est nécessaire.
Un dirigeant qui ose dire « je ne sais pas », « j’ai besoin d’aide », « je doute » envoie un signal fort : ici, l’erreur est permise, l’humain a sa place. Ce climat favorise l’expression, la coopération, l’intelligence collective. Il ne s’agit pas de tout dévoiler, mais de choisir ce que l’on partage et pourquoi.
La vulnérabilité est aussi un accès direct à nos émotions. Un leader qui les écoute sans les fuir affine son discernement. Lors d’une mission d’accompagnement, une responsable formation m’a confié avoir osé refuser un projet parce qu’il « sonnait faux » : ce ressenti, autrefois balayé, est devenu une boussole précieuse.
Montrer sa vulnérabilité, c’est autoriser les autres à faire de même. C’est dire : « Vous pouvez être vous-mêmes. » Cela change profondément la culture d’une organisation. J’ai vu des équipes se transformer lorsque leurs responsables ont partagé leurs propres parcours, leurs erreurs, leurs remises en question.
Quels sont les moments où vous avez ressenti de la fragilité dans votre rôle de dirigeant ? Qu’en avez-vous appris ? Ces temps de retour sur soi sont essentiels pour apprivoiser sa vulnérabilité.
Un cercle de pairs, un mentor ou un coach peuvent aider à poser les bonnes questions, sans jugement. Chez ACANT, nous encourageons ces espaces d’échange protégés où chacun peut déposer ce qui le traverse.
Diriger avec vulnérabilité, c’est aussi apprendre à mieux écouter : soi-même, ses collaborateurs, les signaux faibles. Cette écoute active devient un levier stratégique dans des contextes incertains.
Il ne s’agit pas d’ériger la fragilité en modèle, mais de reconnaître que la force du leadership réside aussi dans la capacité à accueillir ses limites. La vulnérabilité, bien accompagnée, devient un levier d’engagement, de lucidité et de confiance partagée.
Dans notre prochain billet, nous explorerons comment développer une culture du feedback authentique et constructive au sein des équipes.
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