
La gratuité ne suffit pas. Pour ceux qui pensent que ‘ce n’est pas pour eux’, la bibliothèque est une forteresse. Cessez d’attendre le public idéal : apprenez à aller chercher ceux qui sont invisibles et à transformer leur méfiance en appartenance.
Public concerné
Bénévoles et personnel des bibliothèques
Prérequis
Aucun prérequis
Apport théorique, exercices pratiques avec mise en situation, échange et débat avec les formateur.trices
Soyons francs : la plupart des bibliothèques pensent être inclusives parce qu’elles sont ouvertes à tous et gratuites. C’est une illusion d’optique. Pour une personne en situation d’illettrisme, allophone (ne parlant pas la langue) ou en grande précarité sociale, la bibliothèque ressemble souvent à un tribunal ou à une extension de l’école – le lieu de l’échec.
Le silence, les rangées de livres, la classification complexe, et même le regard (parfois inquisiteur) du personnel créent une violence symbolique. L’usager « éloigné » ne vient pas, non pas parce qu’il n’aime pas les histoires, mais parce qu’il ne se sent pas légitime. Il a peur de ne pas savoir faire, de déranger, d’être jugé. L’erreur classique est de vouloir « les faire lire » tout de suite. Or, avant de lire, il faut oser entrer. Sans une stratégie spécifique de déconstruction de ces barrières psychologiques, vos actions culturelles ne toucheront que les convaincus.
Chez ACANT, nous abordons l’inclusion comme un changement de posture radical. Il ne s’agit pas de faire de l’humanitaire, mais de la médiation de haute précision.
Analyser (Les freins invisibles) : Pourquoi ne viennent-ils pas ? Nous vous aidons à réaliser un diagnostic honnête de votre structure. La signalétique est-elle compréhensible sans lire ? L’accueil est-il intimidant ? Nous analysons la sociologie de votre territoire pour identifier les cibles réelles (migrants, jeunes décrocheurs, seniors isolés) et leurs besoins spécifiques, souvent éloignés de vos priorités actuelles.
Expérimenter (L’Hospitalité inconditionnelle) : Nous testons des dispositifs qui contournent le livre. Ateliers de conversation, jeux, musique, cuisine. Nous expérimentons la méthode « Facile à Lire » (FALC) non seulement dans les collections, mais dans votre communication. Nous vous poussons à sortir des murs (hors les murs) pour aller dans les centres sociaux, les PMI ou sur les marchés, là où sont les gens.
Pérenniser (Le Maillage partenarial) : Vous ne pouvez pas tout faire seuls. Pérenniser l’accueil des publics éloignés, c’est construire un écosystème. Nous vous apprenons à travailler d’égal à égal avec les travailleurs sociaux, les éducateurs et les associations de quartier. Ce sont eux les « tiers de confiance » qui amèneront le public chez vous.
La théorie sur la précarité est nécessaire, mais pour accueillir, il faut de l’empathie en action. Notre pédagogie 60% pratique / 40% théorie vous met « dans la peau de l’autre » :
Atelier « Vis ma vie d’illettré » : Une expérience immersive choc. Vous devrez vous repérer dans une bibliothèque dont toute la signalétique a été brouillée ou remplacée par des symboles inconnus. Vous ressentirez physiquement le stress et la honte de ne pas comprendre. Cela change définitivement votre façon d’accueillir.
Traduction FALC : Vous apprendrez à réécrire vos règlements intérieurs, vos affiches et vos courriers en langage « Facile à Lire et à Comprendre ». C’est un exercice de simplification radicale.
Simulation d’entretien : Comment accueillir une personne qui ne parle pas français ? Comment réagir face à une personne qui sent l’alcool ou qui a un comportement atypique ? Nous jouons ces scènes pour désamorcer la peur et trouver la juste posture professionnelle.
Les formateurs ACANT sur ce module sont des consultants-auteurs engagés, souvent issus de l’éducation populaire ou de la sociologie. Ils connaissent la réalité de la misère culturelle.
Leur approche est celle du déclic :
Déculpabilisants : Ils vous rappellent que l’échec de la lecture n’est pas une fatalité et que le livre n’est qu’un support parmi d’autres.
Pragmatiques : Ils vous donnent des outils concrets (signalétique visuelle, fonds FALC, collections sans texte) pour rendre votre bibliothèque immédiatement plus accessible.
Audacieux : Ils vous encouragent à briser les règles sacrées (le silence, l’interdiction de manger, l’inscription obligatoire) si ces règles empêchent l’inclusion. Ils remettent l’humain au centre du système.
Ce n’est pas un rayon « enfants » pour adultes. C’est une démarche labellisée qui consiste à proposer des ouvrages (romans, documentaires) sélectionnés pour leur lisibilité (mise en page aérée, vocabulaire simple, phrases courtes) et présentés de face, dans un mobilier attractif. La méthode ACANT vous apprend à constituer ce fonds et surtout à le faire vivre pour qu’il ne soit pas stigmatisant (« le rayon des nuls »), mais attractif pour tous les lecteurs fatigués.
La réponse est simple : n’attendez pas qu’ils viennent. Allez-y. La stratégie du « Hors les murs » est centrale. Si vous faites une lecture dans une salle d’attente de PMI ou au Resto du Cœur, vous désacralisez le livre. Vous créez un lien humain hors institution. C’est ce lien de confiance qui servira ensuite de passerelle pour les amener physiquement à la bibliothèque.
Souvent, oui. La rigidité administrative (pièce d’identité, justificatif de domicile de moins de 3 mois) est le premier frein à l’inscription des publics précaires. Nous travaillons avec vous sur les marges de manœuvre : pré-inscription simplifiée, tolérance sur les retards, gratuité ciblée. L’objectif est de passer d’une logique de contrôle à une logique d’accueil inconditionnel.
La distinction est cruciale pour adapter votre médiation. L’analphabète n’a jamais appris à lire. L’illettré a appris, mais a oublié ou perdu la compétence, ce qui génère un fort sentiment de honte et de dissimulation. L’allophone, lui, sait souvent lire dans sa langue, mais pas en français. La formation vous aide à repérer ces profils (indices comportementaux) pour proposer l’accompagnement discret et adapté (atelier sociolinguistique, fonds FALC, ou simple bienveillance).